Entrevue avec Al Levy

Al Levy, du district 24, a été élu président 2003 de l’ACBL au National d’été de Washington DC. Âgé de 62 ans, Levy vit à Commack NY. C’est un scientifique à la retraite et un ingénieur dans le domaine de la mécanique des structures et de la science des matériaux. Il a obtenu son doctorat en génie mécanique de l’Université de Columbia et il a travaillé pendant 32 ans chez Grumman Aerospace.

Levy et son épouse, Beverly, ont célébré récemment leur 40ième anniversaire de mariage. Celle-ci est enseignante à la retraite et conseillère en orientation; elle travaille maintenant à temps partiel comme administrateur d’école. Ils ont un fils, David, et un petit-fils, Tyson.

Levy est un vieux routier dans l’organisation du bridge. Depuis 20 ans, il a été président d’unité et de district — deux ans à chaque mandat — puis président de tournois pendant sept ans. Il entreprend son troisième mandat au sein du conseil d’administration de l’ACBL.

The Bridge Bulletin: Quels sont les plus gros défis que le bridge de compétition doive relever en Amérique du Nord de nos jours?

Al Levy: Chez nous, ce sont les bénévoles des unités et des districts — ainsi que les propriétaires ou les gérants de clubs — qui font marcher le bridge, à l’exception toutefois des Nationaux. C’est remarquable de voir autant de bénévoles dévoués qui rendent au bridge ce que celui-ci leur apporte. Ça montre bien à quel point ce jeu a quelque chose à offrir. Une des priorités de l’ACBL est d’aider et d’encourager ces bénévoles.

Ce sont aussi les unités et les districts qui soutiennent financièrement les tournois sectionnels et régionaux. Leur principal défi est de combiner l’attraction à leurs tournois avec la réussite financière et ce, en dépit de l’augmentation des coûts et d’une diminution du nombre de membres. L’ACBL peut les seconder de différentes façons : en favorisant de bonnes relations de travail entre son personnel (directeurs et arbitres) et les promoteurs de tournois, et en trouvant des moyens pour limiter l’augmentation des coûts. Somme toute, le bridge de compétition se porte bien en dépit de ces difficultés. Encore une fois, le mérite en revient à tous ces dévoués bénévoles. Évidemment, si on pouvait augmenter le nombre de membres et recueillir des fonds, via des commandites, nous pourrions devenir encore plus puissants.

Les trois tournois majeurs — les Nationaux — obtiennent toujours du succès. Là aussi, un grand nombre de bénévoles fait beaucoup de travail en coulisse. Un des défis à ce niveau est de faire les bons choix de villes et de sites à l’intérieur de ces villes. Puisque l’ACBL dépend des revenus provenant des Nationaux; c’est un poids qui pèse très lourd sur ces décisions. Par ailleurs, les Nationaux procurent une excellente occasion de favoriser de bonnes relations publiques et d’obtenir une couverture médiatique importante.

BB: Vous avez organisé le Championnat du monde de bridge par ordinateur de l’ACBL. Comment avez-vous réalisé cela?

AL: C’est en 1996, pendant ma première année au c.a., qu’Alan Truscott m’a demandé s’il y avait un tournoi de bridge par ordinateur. Alors j’ai regardé ça de plus près. J’ai mis sur pied un tel tournoi, puis j’ai recruté des bénévoles pour l’organiser. En 1997, le premier Championnat mondial de bridge par ordinateur voyait le jour. J’ai coordonné ce tournoi depuis ce temps.

BB: Quels sont vos objectifs en 2003?

AL: Je vais me concentrer sur plusieurs domaines, en particulier:

Introduire le bridge dans les écoles secondaires. Cela devrait assurer une croissance du bridge dans les années à venir. L’ACBL a un programme en place pour s’imposer dans les écoles. De plus, plusieurs groupes et individus ont produit de l’excellent matériel pédagogique et promotionnel. Dans mon district, certains programmes pourraient bien connaître du succès, car il y a des commissions scolaires qui sont très intéressées à utiliser le bridge comme outil pédagogique pour les jeunes. Cette mission n’est pas facile car les écoles et les commissions scolaires sont gérées séparément. Toutefois, il pourrait y avoir une réaction en chaîne si nous obtenons quelques succès précoces. La récompense pourrait être énorme.

Accorder autant d’importance à tous les niveaux d’activité. Je vais constituer un panel d’experts pour examiner les «règles locales» officiellement appliquées dans les clubs. Si c’est adopté, cela permettrait aux propriétaires de clubs d’avoir plus de latitude dans le fonctionnement de leurs séances de bridge. Les propriétaires/gérants de club sont les mieux placés pour évaluer les besoins de leur clientèle et déterminer ce qui va faire prospérer leurs séances régulières. Actuellement, il y a beaucoup de libertés non autorisées qui sont prises et il serait peut-être opportun d’en permettre quelques-unes.

D’un autre côté, il faut préserver l’intégrité des championnats nord-américains. Je verrais de plus petits champs qui se qualifieraient pour les finales. J’envisage aussi la constitution d’un panel d’experts pour répondre aux cas soumis à l’arbitrage. Le jour où nous serons sous les feux de la rampe, cet aspect du bridge sera beaucoup plus visible.

Favoriser la promotion et la commandite. Si le bridge était plus populaire, nous pourrions augmenter le nombre des membres et ouvrir la voie à un vrai parrainage. À cette fin, notre directeur général, Jay Baum, a récemment embauché deux personnes de premier ordre dans le domaine du marketing et de la promotion. Il y a beaucoup de programmes promotionnels et de commandites en place au niveau local. Il faut les rendre public pour aider les clubs et les unités à trouver leurs propres commanditaires. Le gros bénéfice toutefois se situe au niveau national.

Promouvoir toutes les formes de bridge. Avec l’avancement des nouvelles technologies, y compris internet qui est devenu un mode de vie, il existe maintenant des formes alternatives pour jouer au bridge, pour enseigner le bridge ou pour se distraire avec le bridge. Jouer au bridge en ligne sur des sites web rehausse l’expérience de plusieurs bridgeurs et attire aussi de nouveaux adeptes. Pour certains, participer à un concours de bridge interactif ou regarder la finale d’un championnat important en temps réel s’avère une expérience enrichissante. Pour d’autres, c’est jouer le soir avec des amis qui vivent partout autour du monde qui est excitant. Plusieurs joueurs utilisent des programmes de bridge qui les divertissent autant qu’ils les instruisent. Ainsi, plusieurs auteurs rédigent maintenant des livres sous forme de logiciels interactifs, ce qui intègre une nouvelle facette à l’apprentissage. Toutes ces formes de bridge doivent être encouragées.

Travailler vers une présence mondiale forte et réussie. Il est primordial que le bridge se développe partout au monde et que l’organisation mondiale, la Fédération mondiale de bridge, continue de présenter les championnats du monde. Plus le bridge sera reconnu comme un jeu mondial, plus il pourra se développer et croître. Je crois en l’importance de maintenir de bonnes relations entre l’ACBL et la FMB aussi bien qu’avec toutes les organisations nationales de bridge. La coopération à travers le monde entier, dans de bonnes conditions, devrait permettre au bridge d’être mis en vedette.